Les habitudes de vie de Aspe, et ses moeurs

Nom scientifique : (Aspius aspius) est un poisson d'eau douce de la famille des cyprinidés, cousin de la carpe commune,
Il a une très grande ressemblance avec le chevesne.

Noms usuels : Aspe, carreau, gardon carpé, gibèle, meule
Famille : Cyprinidés
Poids :
15 kg (3 kg en moy.)
Taille :
il peut atteindre 80 à 90 cm, mais au vu de sa présence récente, on n'a pas encore suffisamment de recul et il est probable que dans un futur proche on voit des spécimens de plus grandes tailles encore
Durée de vie : 15 ans
 
Nota : Dix ans après son développement spectaculaire dans le Rhin, puis dans la Moselle, l’aspe continue discrètement son évolution sur le territoire français. Le temps est donc venu de faire le point sur sa situation géographique, sa pêche et ses moeurs. Le plus chasseur de tous les cyprins n’a pas fini de faire rêver les pêcheurs aux leurres, tant son activité en surface est spectaculaire. Signalé pour la première fois en 1972 dans le département du Bas-Rhin, l’aspe (Aspius aspius, Linné 1758) se conduisit en arlésienne jusqu’au début des années 2000, comme avant lui le sandre et le silure.Voyageurs clandestins, ces trois espèces ont migré discrètement, via les canaux, depuis le bassin du Danube pour rejoindre le Rhin franco-alémanique. A la fin des années 1990, le Conseil supérieur de la pêche (CSP) le recense sur six des sept stations (essentiellement des passes à poissons) des rivières Lauter, Sauer, Hot, Modern Rossmoerder, l’Ill et bien sûr celle du Rhin canalisé (grand canal d’Alsace). Bien qu’il soit difficile d’expliquer pourquoi une espèce nouvelle dans un milieu peut rester en “sommeil” durant plusieurs décennies avant de se développer de façon spectaculaire, il semblerait que les années de fortes chaleurs soient favorables au développement de l’aspe. Selon les pêcheurs alsaciens, l’été caniculaire de 2003 fut le déclencheur de son développement massif dans l’Ill à Strasbourg. Comme tous les cyprinidés, l’aspe se nourrit et se déplace lorsque les eaux se réchauffent. Les trois derniers étés que nous venons de vivre, particulièrement secs et chauds dans l’Est de la France, pourraient donc parfaitement donner lieu à une nouvelle phase d’expansion. Depuis qu’il a colonisé le Rhin sur la quasi-totalité de son cours canalisé, mais également son lit originel (vieux Rhin), l’aspe peut compter sur les canaux pour conquérir de nouveaux territoires : celui de la Marne au Rhin où il est de plus en plus signalé par les pêcheurs au coup qui prennent des individus juvéniles et celui du Rhône au Rhin, où il semble en revanche bloqué depuis presque dix ans dans la banlieue est de Mulhouse. Ce canal de type Fressiney, littéralement bleu d’ablettes (sa nourriture préférée), semble ne pas convenir à sa migration. Les innombrables écluses entre Dannemarie et Belfort, les sections vidangées en hiver, constituent un frein à son chemin vers le Doubs tout proche (Valentigney). Le Doubs est un cours d’eau où l’aspe se développerait sans aucun doute de façon spectaculaire. Les courants alternent avec les parties calmes et les ablettes s’y comptent par millions. L’aspe semble absent des eaux du Doubs, mais il faut cependant noter qu’un très beau spécimen a été pris il y a quatre ans dans le département du Jura par un pêcheur professionnel qui l’a fait identifier par l’Onema. Il s’agissait d’un individu adulte de trois kilos. S’agit-il d’une introduction sauvage ou du signe avant-coureur d’une colonisation à venir ? Mystère. Sa présence signalée (mais à vérifier) dans la Saône pose les mêmes questions. La réapparition du projet du canal Rhin-Rhône à grand gabarit via le bassin de la Saône et de ses canaux bouleversera encore la donne si ce projet pharaonique et déraisonnable voit le jour. Ce canal, qui s’inscrit dans la liaison Seine-Europe constitue la priorité nationale en matière de navigation fluviale. Il nécessitera la construction d’un ouvrage de 200 km entre Saint-Jean-de-Losne (rivière Saône, Côte-d’Or) et la Moselle dans les environs de Nancy, avec une échéance fixée à 2014. Quatre tracés très différents, qui passeraient soit par la Haute-Saône, la Haute-Marne ou les Vosges, sont actuellement à l’étude. Sur la Moselle justement, l’aspe est bien représenté, mais les pêcheurs notent une stabilisation, voire un léger déclin de l’espèce suite à son « explosion » qui date d’un peu moins d’une dizaine d’années. Notre poisson est également signalé de plus en plus fréquemment sur la Loire du côté de Blois notamment où les pêcheurs prennent surtout des aspes juvéniles en pêchant la perche et le brochet à la cuiller. La basse Loire est un fleuve qui convient parfaitement à son développement, mais il s’agirait probablement là d’une introduction illégale, réalisée par les pêcheurs, où peut-être d’une “erreur” lors d’un alevinage en cyprins, ce qui semble moins probable.

Description
L' Aspe a un corps allongé, légèrement comprimé latéralement. Sa bouche est assez grande et orienté vers le haut, avec la mâchoire inférieure un peu plus longue que la supérieure. Il a un profil de prédateur. Son dos est gris-vert, ses flancs ont des reflets jaunes et son ventre est blanc. Ses nageoires sont grises à brunes et parfois à peine rougeâtres.

Mœurs
L'Aspe qui fréquente plutôt les zones à brèmes et à barbeaux, est grégaire , surtout très jeune ou il vit en groupe prés des rives, et devient solitaire avec l'age. Il recherche les cours lents des fleuves et s'adapte fort bien dans les eaux des étangs et des lacs.
Ce prédateur est essentiellement piscivore et sait apprécier les gardons, goujons, et les ablettes. Les grenouilles et petits mammifères peuvent figurer à son menu.

Alimentation

Omnivore mais prioritairement piscivore, l’aspe se prête parfaitement à la pêche aux leurres. Lorsqu’il chasse, il évolue seul ou en banc très près de la surface. Chasseur très spectaculaire, il est le seul carnassier d’eau douce dont l’intensité des chasses rivalise avec celles de poissons marins de même poids. Ces moments de frénésie donnent un spectacle hors du commun : sillages longs et rapides souvent terminés par de gros remous, voir un saut hors de l’eau. Ce comportement vient de la façon de chasser des aspes. Lorsqu’il poursuit une ablette, l’aspe la dépasse puis se retourne brusquement sur elle, l’attaquant par la tête. C’est ce qui provoque d’une part la violence des touches, mais aussi de grosses “tapes” brèves, impossibles à ferrer. Certains jours cependant, les aspes ne chassent pas et adoptent un comportement similaire à celui de leurs cousins les chevesnes, montant en surface pour inspecter un morceau de pain ou n’importe quel débris pas forcément comestible. Il faut différencier nettement la pêche en eau courante, voire très courante et la pêche en canaux. Dans le premier cas, la pêche aux leurres reste la technique idéale, alors que pour le second, tout est plus compliqué. Si les aspes ont été très pêchés, ils peuvent devenir quasiment imprenables aux leurres. C’est ce qui se passe lors du concours de street fishing de Strasbourg. La plupart des aspes sont pris dans les courants de l’Ill. Les parcours en canaux font tourner en bourrique les pêcheurs, qui voient pourtant de très belles chasses et aussi de gros aspes se promener juste sous la surface, sans parvenir à autre chose que les faire fuir. En canaux, l’aspe peut devenir rapidement aussi peu coopérant qu’un vieux black-bass qui connaît par coeur toute la collection des leurres Yamamoto.

Reproduction
La maturité sexuelle survient entre la 3ème et la 5ème année. C'est un des rares cyprinidés prédateur de poissons. Les jeunes se nourrissent de plancton, de larves d'insectes, puis d'alevins. Les adultes chassent les petits poissons près de la surface, les gros insectes et les grenouilles qu'il attaque en bondissant parfois hors de l'eau. Il vit environ 15 ans et sa croissance est rapide de 0,5 à 1 kg par an.

En période de reproduction, les mâles s'ornent de tubercules nuptiaux. La période de frai se déroule d'avril à juin. La ponte a lieu dans des endroits graveleux où le courant est fort. Une femelle peut, selon son poids, pondre de 80.000 à 1.000.000 d'ovules. Ceux-ci sont fixés aux pierres et aux branches immergées. La durée d'incubation est de 10 à 17 jours.