Nota
: Dix ans
après son
développement
spectaculaire
dans le
Rhin, puis
dans la
Moselle,
l’aspe
continue
discrètement
son
évolution
sur le
territoire
français. Le
temps est
donc venu de
faire le
point sur sa
situation
géographique,
sa pêche et
ses moeurs.
Le plus
chasseur de
tous les
cyprins n’a
pas fini de
faire rêver
les pêcheurs
aux leurres,
tant son
activité en
surface est
spectaculaire.
Signalé pour
la première
fois en 1972
dans le
département
du Bas-Rhin,
l’aspe (Aspius
aspius,
Linné 1758)
se conduisit
en
arlésienne
jusqu’au
début des
années 2000,
comme avant
lui le
sandre et le
silure.Voyageurs
clandestins,
ces trois
espèces ont
migré
discrètement,
via les
canaux,
depuis le
bassin du
Danube pour
rejoindre le
Rhin
franco-alémanique.
A la fin des
années 1990,
le Conseil
supérieur de
la pêche
(CSP) le
recense sur
six des sept
stations
(essentiellement
des passes à
poissons)
des rivières
Lauter, Sauer, Hot,
Modern
Rossmoerder,
l’Ill et
bien sûr
celle du
Rhin
canalisé
(grand canal
d’Alsace).
Bien qu’il
soit
difficile
d’expliquer
pourquoi une
espèce
nouvelle
dans un
milieu peut
rester en
“sommeil”
durant
plusieurs
décennies
avant de se
développer
de façon
spectaculaire,
il
semblerait
que les
années de
fortes
chaleurs
soient
favorables
au
développement
de l’aspe.
Selon les
pêcheurs
alsaciens,
l’été
caniculaire
de 2003 fut
le
déclencheur
de son
développement
massif dans
l’Ill à
Strasbourg.
Comme tous
les
cyprinidés,
l’aspe se
nourrit et
se déplace
lorsque les
eaux se
réchauffent.
Les trois
derniers
étés que
nous venons
de vivre,
particulièrement
secs et
chauds dans
l’Est de la
France,
pourraient
donc
parfaitement
donner lieu
à une
nouvelle
phase
d’expansion.
Depuis qu’il
a colonisé
le Rhin sur
la
quasi-totalité
de son cours
canalisé,
mais
également
son lit
originel
(vieux
Rhin),
l’aspe peut
compter sur
les canaux
pour
conquérir de
nouveaux
territoires
: celui de
la Marne au
Rhin où il
est de plus
en plus
signalé par
les pêcheurs
au coup qui
prennent des
individus
juvéniles et
celui du
Rhône au
Rhin, où il
semble en
revanche
bloqué
depuis
presque dix
ans dans la
banlieue est
de Mulhouse.
Ce canal de
type
Fressiney,
littéralement
bleu
d’ablettes
(sa
nourriture
préférée),
semble ne
pas convenir
à sa
migration.
Les
innombrables
écluses
entre
Dannemarie
et Belfort,
les sections
vidangées en
hiver,
constituent
un frein à
son chemin
vers le
Doubs tout
proche
(Valentigney).
Le Doubs est
un cours
d’eau où
l’aspe se
développerait
sans aucun
doute de
façon
spectaculaire.
Les courants
alternent
avec les
parties
calmes et
les ablettes
s’y comptent
par
millions.
L’aspe
semble
absent des
eaux du
Doubs, mais
il faut
cependant
noter qu’un
très beau
spécimen a
été pris il
y a quatre
ans dans le
département
du Jura par
un pêcheur
professionnel
qui l’a fait
identifier
par l’Onema.
Il
s’agissait
d’un
individu
adulte de
trois kilos.
S’agit-il
d’une
introduction
sauvage ou
du signe
avant-coureur
d’une
colonisation
à venir ?
Mystère. Sa
présence
signalée
(mais à
vérifier)
dans la
Saône pose
les mêmes
questions.
La
réapparition
du projet du
canal
Rhin-Rhône à
grand
gabarit via
le bassin de
la Saône et
de ses
canaux
bouleversera
encore la
donne si ce
projet
pharaonique
et
déraisonnable
voit le
jour. Ce
canal, qui
s’inscrit
dans la
liaison
Seine-Europe
constitue la
priorité
nationale en
matière de
navigation
fluviale. Il
nécessitera
la
construction
d’un ouvrage
de 200 km
entre
Saint-Jean-de-Losne
(rivière
Saône,
Côte-d’Or)
et la
Moselle dans
les environs
de Nancy,
avec une
échéance
fixée à
2014. Quatre
tracés très
différents,
qui
passeraient
soit par la
Haute-Saône,
la
Haute-Marne
ou les
Vosges, sont
actuellement
à l’étude.
Sur la
Moselle
justement,
l’aspe est
bien
représenté,
mais les
pêcheurs
notent une
stabilisation,
voire un
léger déclin
de l’espèce
suite à son
« explosion
» qui date
d’un peu
moins d’une
dizaine
d’années.
Notre
poisson est
également
signalé de
plus en plus
fréquemment
sur la Loire
du côté de
Blois
notamment où
les pêcheurs
prennent
surtout des
aspes
juvéniles en
pêchant la
perche et le
brochet à la
cuiller. La
basse Loire
est un
fleuve qui
convient
parfaitement
à son
développement,
mais il
s’agirait
probablement
là d’une
introduction
illégale,
réalisée par
les
pêcheurs, où
peut-être
d’une
“erreur”
lors d’un
alevinage en
cyprins, ce
qui semble
moins
probable.
Description
L' Aspe a un
corps
allongé,
légèrement
comprimé
latéralement.
Sa bouche
est assez
grande et
orienté vers
le haut,
avec la
mâchoire
inférieure
un peu plus
longue que
la
supérieure.
Il a un
profil de
prédateur.
Son dos est
gris-vert,
ses flancs
ont des
reflets
jaunes et
son ventre
est blanc.
Ses
nageoires
sont grises
à brunes et
parfois à
peine
rougeâtres.
Mœurs
L'Aspe qui
fréquente
plutôt les
zones à
brèmes et à
barbeaux,
est grégaire
, surtout
très jeune
ou il vit en
groupe prés
des rives,
et devient
solitaire
avec l'age.
Il recherche
les cours
lents des
fleuves et
s'adapte
fort bien
dans les
eaux des
étangs et
des lacs.
Ce prédateur
est
essentiellement
piscivore et
sait
apprécier
les gardons,
goujons, et
les
ablettes.
Les
grenouilles
et petits
mammifères
peuvent
figurer à
son menu.
Alimentation
Omnivore
mais
prioritairement
piscivore,
l’aspe se
prête
parfaitement
à la pêche
aux leurres.
Lorsqu’il
chasse, il
évolue seul
ou en banc
très près de
la surface.
Chasseur
très
spectaculaire,
il est le
seul
carnassier
d’eau douce
dont
l’intensité
des chasses
rivalise
avec celles
de poissons
marins de
même poids.
Ces moments
de frénésie
donnent un
spectacle
hors du
commun :
sillages
longs et
rapides
souvent
terminés par
de gros
remous, voir
un saut hors
de l’eau. Ce
comportement
vient de la
façon de
chasser des
aspes.
Lorsqu’il
poursuit une
ablette,
l’aspe la
dépasse puis
se retourne
brusquement
sur elle,
l’attaquant
par la tête.
C’est ce qui
provoque
d’une part
la violence
des touches,
mais aussi
de grosses
“tapes”
brèves,
impossibles
à ferrer.
Certains
jours
cependant,
les aspes ne
chassent pas
et adoptent
un
comportement
similaire à
celui de
leurs
cousins les
chevesnes,
montant en
surface pour
inspecter un
morceau de
pain ou
n’importe
quel débris
pas
forcément
comestible.
Il faut
différencier
nettement la
pêche en eau
courante,
voire très
courante et
la pêche en
canaux. Dans
le premier
cas, la
pêche aux
leurres
reste la
technique
idéale,
alors que
pour le
second, tout
est plus
compliqué.
Si les aspes
ont été très
pêchés, ils
peuvent
devenir
quasiment
imprenables
aux leurres.
C’est ce qui
se passe
lors du
concours de
street
fishing de
Strasbourg.
La plupart
des aspes
sont pris
dans les
courants de
l’Ill. Les
parcours en
canaux font
tourner en
bourrique
les
pêcheurs,
qui voient
pourtant de
très belles
chasses et
aussi de
gros aspes
se promener
juste sous
la surface,
sans
parvenir à
autre chose
que les
faire fuir.
En canaux,
l’aspe peut
devenir
rapidement
aussi peu
coopérant
qu’un vieux
black-bass
qui connaît
par coeur
toute la
collection
des leurres
Yamamoto.
Reproduction
La maturité
sexuelle
survient
entre la
3ème et la
5ème année.
C'est un des
rares
cyprinidés
prédateur de
poissons.
Les jeunes
se
nourrissent
de plancton,
de larves
d'insectes,
puis
d'alevins.
Les adultes
chassent les
petits
poissons
près de la
surface, les
gros
insectes et
les
grenouilles
qu'il
attaque en
bondissant
parfois hors
de l'eau. Il
vit environ
15 ans et sa
croissance
est rapide
de 0,5 à 1
kg par an.
En période
de
reproduction,
les mâles
s'ornent de
tubercules
nuptiaux. La
période de
frai se
déroule
d'avril à
juin. La
ponte a lieu
dans des
endroits
graveleux où
le courant
est fort.
Une femelle
peut, selon
son poids,
pondre de
80.000 à
1.000.000
d'ovules.
Ceux-ci sont
fixés aux
pierres et
aux branches
immergées.
La durée
d'incubation
est de 10 à
17 jours.